La dirofilariose sous-cutanée est installée à moins de 200 km au sud-est de Paris !
C’est en décembre dernier, sur un prélèvement de poumon provenant d’un chien de race Anglo-français que j’ai détecté une charge sévère de microfilaires dans ses veines pulmonaires.
Ce chien était né et n’avait jamais voyagé au-delà de son département d’origine en région Bourgogne Franche Comté. Il faut ajouter que le mode de vie du chien atteint constituait une sentinelle parfaite pour détecter ce type de maladie : chien de chasse vivant en extérieur, et en groupe toute l’année. L’environnement où est logée la meute est particulièrement favorable au développement de la maladie puisqu’on trouve à proximité du site d’anciennes sablières comblées en eau.
Le Dr Davoust de l’IHU Méditerranée de l’Université d’Aix-Marseille, avait confirmé (PCR) que les microfilaires observées étaient bien de l’espèce Dirofilaria sp.
Je me suis rendu sur les lieux début mars 2019 pour prélever du sang sur 13 chiens de la meute, âgés de 2 à 9 ans, et il ressort que 9 des chiens testés (70%) sont positifs pour Dirofilaria repens, agent de la dirofilariose sous-cutané. Par ailleurs, une collègue vétérinaire qui réside dans une ville proche de cette localisation m’avait envoyé au mois de février des nématodes retirés d’un nodule sous-cutané de son propre chien. Là encore l’examen au microscope nous a confirmé qu’il s’agissait bien de Dirofilaria repens.
Cette microfilaire n’en est pas à sa première incursion sporadique hors de son implantation historique méditerranéenne. Mais la conjonction de ces différents cas prouve que ce foyer est endémique, avec un cycle par conséquent bien implanté dans cette région.
Dirofilaria repens cause une nématodiase nodulaire sous-cutanée chez le chien principalement, après plusieurs mois d’incubation. Beaucoup plus rarement chez le chat et l’homme. Il est transmis par la plupart des espèces de moustiques que l’on trouve en France.